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Pourquoi j'irai pas au paradis

attention, ça va piquer un peu.



L'hiver est passé.

La terre et l'atmosphère se réchauffent. Nos corps commencent à se déplacer avec un peu plus de rapidité, de légèreté. Je goûte le soleil, et c'est bon !


Ça m'a demandé un peu de temps avant de réellement profiter de ces beaux jours, comme si je n'étais pas tout à fait prête à recevoir cette explosion de douce chaleur.

Bizarre, n'est-ce pas ? Ne pas se sentir prête à recevoir de la douceur, c'est pas franchement le discours habituel (et particulièrement dans le domaine du Bien-être).


Pendant ma formation en Relation d'aide par le toucher, on se faisait masser environ 2 ou 3 fois par jour, pendant une semaine. Alors autant dire que de la douceur, on en reçoit un paquet pendant cet apprentissage !

Moi, ça m'a déstabilisé au début. J'ai trouvé cette douceur dégoulinante, gnangnan, voire écœurante parfois. Un peu trop chou à la crème à mon goût.


Et pourtant, je me suis vue prise dans un mouvement de " Je reçois tellement de douceur que je dois la rendre, je ne peux garder égoïstement ce cadeau. Je vais faire preuve de ma grande générosité en la rendant au centuple et ainsi je serai dans l'ouverture du cœur."

L'énergie inconsciente qui sous-tendait mes actions, celle qui se trouvait derrière, c'était celle-ci. Je me concoctais un accès direct au Paradis, avec la canonisation et tout le toutim. J'allais être la sainte des saintes, aimée pour mon immense douceur que je distribuerais sans compter et être ainsi reconnue pour ma générosité légendaire. Foutaise.


Voilà la meilleure manière de faire marcher la machine égotique à fond les ballons. Voilà un bon mécanisme de défense contre ce qui risque de nous faire chavirer le cœur justement. Parce que vouloir rendre ce que l'on reçoit avant même de le goûter pleinement, entièrement, c'est fuir direct le cadeau qui nous est fait. C'est fuir toute l'intensité qu'il contient. L'intensité émotionnelle de la douceur.


De tous les massages que j'ai reçu, ce sont les massages les plus doux qui m'ont le plus remué, qui m'ont le plus confronté à moi-même - car oui, la douceur peut être réellement confrontante.


C'est lorsque j'ai accepté pleinement de recevoir cette douceur, lorsqu'elle est venue emplir chaque cellule de ma peau, c'est lorsque l'intensité émotionnelle s'y est propagée, que les barrières ont cédé. L’énergie de l'émotion s'est libérée et j'ai réellement pu goûter à ce que c'est de recevoir la douceur. Goûter le trouble que cela peut créer, sentir que ce n'est pas une évidence de chaque instant pour moi de le recevoir de façon entière, pleine. Sentir combien elle m'émeut à chaque fois par sa beauté et sa simplicité. Sentir l'espace qu'elle ouvre dans mon corps, dans la relation avec moi-même, dans la relation à l'autre. Sentir la puissance qu'elle installe.


Être touché par la douceur d'un massage, cela arrive régulièrement à mes clients, clientes.

Cela peut désarçonner, troubler et créer cette réaction de vouloir "rendre tout de suite", ou bien de se couper de l'émotion trop brute, intense que cela pourrait réveiller...

J'invite à chaque fois, à rester au contact de cette sensation, et observer ce qu'elle produit dans le corps, puis dans la journée qui suit.

Car aujourd'hui, où se trouve la douceur de nos relations, de nos touchers ?


Et toi, où en es-tu de ton rapport avec la douceur ?

Comment la reçois-tu ? Comment la donnes-tu ?

Quelle image en as-tu?

Dis moi en commentaires !


A ta douceur !

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