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Masser, c'est ma façon de foutre le bordel dans le monde !



Ces derniers temps je repense beaucoup à mon été passé dans les montagnes. Elles me manquent ! C'est un lien singulier que je tisse avec elles, distendu parfois, et que je renoue de différentes façons, notamment par la marche.


Sur les sentiers de randonnée, de nombreux cairns viennent ponctuer les endroits où le chemin s'efface. Les cairns, ce sont ces amas de cailloux (comme sur la photo) : leur taille est parfois impressionnante !


Leur fonction est de permettre aux bergères, bergers, marcheuses et marcheurs de retrouver leur chemin quand celui-ci se fait moins visible - par temps de brouillard ou lorsque le sentier n'est pas clairement inscrit dans le sol. L'usage veut que chacun y dépose une pierre, pour faire perdurer la trace.

Ils sont un repère essentiel pour s'orienter en montagne.

Ces cairns m'ont servi plus d'une fois, pour m'éviter de m'aventurer dans des passages trop escarpés, ou trop éloignés de ma direction.


L'image symbolique du cairn me touche.

L'idée que des inconnus contribuent les uns pour les autres à garder le chemin visible, en ajoutant " leur pierre à l'édifice ", je trouve ça simple et beau.

Cela me parle d'une solidarité silencieuse, et pourtant manifeste.


J'ai longtemps considéré le massage comme quelque chose de " pas assez ". Pas assez utile, pas assez impactant socialement, pas assez politisé, pas assez radical. Un truc sympa mais sans plus. Voire même un truc futile et superficiel. Un truc bon pour les " bourgeois ", pour ceux qui ont la chance d'avoir le temps de prendre soin d'eux alors que d'autres triment. C'est aussi parfois ce que l'on pouvait me renvoyer lors de discussions; mon interlocuteur ne comprenant pas que l'on puisse payer pour se faire masser " cela devrait être gratuit " (*soupir).


Il y avait une foule de voix dans ma tête, critiques et pleines de jugements, qui venaient de biens des endroits...


Je ne suis pas militante politique. En revanche, j'aime que d'autres le soit.

Aujourd'hui je mesure à quel point masser est ma pierre à l'édifice.


Masser est ma façon de foutre le bordel dans ce monde !

Que ce soit en y apportant de la douceur, de la détente, de la conscience corporelle, de la libération émotionnelle, toutes ces pierres assemblées n'ont qu'une seule intention : revenir au corps. Revenir au corps, toujours, et se permettre de :

- mieux se connaître pour mieux s'aimer - et ainsi, construire ce qui nous fait frémir de désir pour bâtir le monde auquel on croit.

ok ça fait plusieurs intentions en fait.


Mon enseignant de massage nous disait " Toucher c'est être solidaire ". Je le rejoins !


Quand je masse, je me sens solidaire du corps qui se dépose entre mes mains, solidaire de la personne qui fait le choix de s'offrir un espace de rencontre avec elle-même.

Solidaire des parties de son corps qui ne lâchent pas, qui tiennent encore leur fardeau jusque dans ces instants de détente, solidaire de ces parties qui résistent à l'abandon.

Je me sens solidaire des parties du corps qui restent verrouillées par crainte de ce qu'elles pourraient libérer de beauté.

Solidaire de tous ces inspires et ces expires.

Solidaire des relâchements, des murmures et soupirs de plaisir de sentir le corps se détendre, enfin.

C'est ma façon singulière de contribuer !

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Et toi, comment te sens-tu solidaire ?

As-tu toi aussi cette foule de voix critiques dans la tête, qui t'empêche de kiffer pleinement ce que tu fais ?

Dis moi en commentaires, je suis curieuse de te lire !


Je te souhaite un mois de Décembre beau comme un cairn bien garni !

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