(spoiler : c'est pas de graines de chia)
Voilà plusieurs mois sans lettre et sans mots, mais que s'est-il passé ?
Et bien....plein de choses !
Comme probablement pour toi, le confinement a fortement bousculé mon quotidien et ma conscience. Cette expérience est venue mettre en lumière les lieux de moi qui se recroquevillaient sur eux-mêmes.
Ces lieux je les connaissais. Je savais qu'ils étaient mes épines aux pieds. Je savais qu'ils étaient des lieux à déménager, à bousculer, à modifier. Je savais la fatigue générée par leur fréquentation trop régulière, quotidienne. Et ça me fichait la trouille de prendre ma lampe torche et d'aller y voir de plus près.
Beaucoup de stratégies mises en place, sensées et raisonnables, rassurantes et sécurisantes, intelligemment construites, beaucoup d'excuses pour m'éviter de....sentir. Comme s'il y avait une petite voix présente en permanence dans ma tête, qui me chuchotait « Oh allez...après tout, tu peux bien tenir encore un peu. Ça fait déjà longtemps que c'est comme ça, patience ! Ça bougera, mais prépare bien le terrain avant. » (tu as la même aussi, nan ?!)
La vérité c'est que je n'avais pas senti A QUEL POINT tout cela me fatiguait, me rendait triste et en colère. Je n'avais pas senti à quel point la situation m'était insupportable. Je ne m'étais pas laissée toucher profondément par tout ceci. Le temps du confinement a donné de l'espace et du temps à ces émotions, pour faire leur chemin en moi. Et je me suis permise de vivre cela. Maintenant que cet espace a été vu, touché, contacté, vécu, rien n'a le même goût. Décision prise, action posée, la saveur d'être pleinement moi se dessine traits à traits. Refonte du système.
Mais pourquoi je te raconte ma life nom de Zeus ?!!
Pourquoi je te raconte ça alors que le vrai sujet du moment c'est : bordel, on se caille ! Qui a décrété que les saisons allaient redevenir des vraies saisons ?! (Alors que ça fait au moins 4 ans qu'on pouvait allègrement s’esclaffer d'un « Raaaah mais y'a pu d'saisons ma bonne dame ! ») Et bien voilà : l'Automne 2020 a décrété que s'en était fini et qu'il allait tenir sa parole d'Automne - Merci, c'est très réussi. Je m'égare. Fin du bulletin météo.
Alors... pourquoi diantre je te raconte mon process ?
Parce que j'ai observé que beaucoup de mes client.e.s arrivent en rendez-vous dans des états similaires : une situation qui ne leur convient plus, le désir d'en sortir. Lorsque je leur pose la question « Qu'est-ce qu'il se passera une fois sorti de cette situation ? », la réponse est généralement floue, confuse. Il y a le désir de changer mais sans trop savoir vers quoi aller. Souvent, cela ressemble à une envie de retour à un " équilibre " (celui d'avant, du temps où tout allait bien), ou encore le rêve de toucher à une certaine « fluidité » (terme bien fourre-tout du développement personnel, qui veut tout et rien dire. A mettre dans le même panier que lâcher-prise, flow , gratitude et bienveillance. J'en parle un peu plus ici.)
Et tu me diras," Mais c'est tout à fait logique et sensé " ! Quand tu es dans une situation problématique et bien la seule chose dont tu rêves c'est d'en sortir ! Et donc, en sortir ça veut dire: ne plus être dans cette situation, soit : être à l’opposé de cette situation. Je suis en colère > je veux être dans la joie // Je me sens frustré.e dans ma vie > je veux de la fluidité // Je me sens angoissée.e > je veux retrouver de la légèreté.
Tu peux choisir d'y aller à coup de méditation pour calmer tes angoisses, de positive attitude (Always look on the bright side of life, ça te dit quelquechose ?), de méthode Coué, de rituels machintruc, de lois d'attraction, de lectures de livres sur le développement personnel ou la spiritualité, de stages sur la confiance en soi, sur la gratitude. Tu peux t'en remettre à tes guides de lumière. Ça marchera probablement, un temps. Mais ce que j'observe c'est que très souvent, les mêmes situations problématiques reviennent. Avec une autre forme, une autre couleur, mais le fond est toujours le même... Pourquoi ? Et bien parce que ce ne sont finalement que les 2 faces d'une même pièce. C'est une partie de ping-pong qui se joue. Je ne veux plus du noir, je vais chercher le blanc. Tes actions se posent en mode réaction automatique.
Qu'est-ce qu'il y a à voir ici ?
Plusieurs choses :
L'énergie investie dans la situation problématique est immense. L'énergie d'y rester, de la ruminer, d'y tourner en rond, de la ressasser, de la décortiquer sous toutes les coutures, de l'analyser, de pester contre elle, d'y rester malgré tout (pour plein de raisons, toutes aussi légitimes les unes que les autres).
C'est comme si notre système s'était construit autour et avec cette situation, cette épine dans le pied qui nous enquiquine, mais qui finalement nous arrange bien aussi...Petit à petit notre identité s'est construite autour de cela.
Pour en sortir, il va pas falloir une demie-décision. Cela va demander une énergie de dingue ! Une énergie mille fois plus puissante que celle investie dans le fait de rester dans cette situation. Alors autant te dire que quand cette situation dure depuis des années, cela demande une détermination sans faille. Parce que la suite du mouvement va être de faire face aux résistances, aux peurs, aux déloyautés. D'accepter de déplaire, aux autres, à la famille, aux amis peut-être, et à l'ancienne version de soi...(ben oui, c'est quand même bien flippant quand on y réfléchit 2 secondes...y'a de quoi aller se planquer sous la couette et activer le mode drama queen direct !) Et ça, notre système de survie, il aime pas du tout !!! Ce système qui préfère que rien ne bouge même si c'est difficile, parce qu'au moins c'est connu, donc rassurant.
Où trouver cette énergie ? Comment la contacter ? Ce que j'observe c'est que partir dans les plans d'actions survoltés, les changements radicaux, les « je plaque tout et je pars au bout du monde », ça ne fonctionne pas sur la durée. Tant que tu restes dans le Faire sans aller toucher l’Être, il y aura un retour de bâton... Aller dans l’Être ça veut dire se laisser toucher, profondément par la situation. Se laisser toucher par ce qu'elle crée chez toi comme émotions de tristesse, de colère, de sentiment d'injustice peut-être. Et vivre tout cela. Sincèrement, oser être vulnérable face à soi. Ensuite viendront les plans d'actions et les stratégies...le « qu'est-ce que je veux pour moi, qu'est-ce que je veux VRAIMENT pour la suite » ? En étant le plus précis, fin et concret possible. L'énergie se trouve dans cet espace de vulnérabilité face à soi-même, dans cette ouverture à nos désirs profonds. À ce désir profondément humain d'être soi.
Ce mouvement d'ouverture à soi-même peut être chaotique, remuant, bouleversant, quand on n'a pas l’habitude de le contacter. On peut se dire que ça va être un tsunami, une tornade dans nos vies. On peut flipper de la tristesse, se dire que si on ouvre les vannes, ça va être la dépression assurée. La vérité c'est que TU NE SAIS PAS ce qu'il va se passer. Et que pour aller rencontrer cet endroit peut-être encore inconnu de toi, la meilleure compagne c'est la douceur.
Voilà ce que je sens pour moi en ce moment : un grand besoin de douceur pour traverser la Terra incognita. Un grand besoin de douceur pour oser regarder les lieux blessés, les espaces sensibles obscurcis par la dureté des regards, de mon regard parfois. Sans jugement, dans un accueil rempli de compassion. Et d'amour.
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